RELATION DE LA MORT DB MM. DE GUISE.         kfî
le sieur de Larchant, selon le commandement du Roy, envoyé le sieur de Rouvroy son lieutenant, et le sieur de Montclar, exempt des gardes, à la montée du vieux cabinet, avec vingt de ses compagnons; et peu après que le duc de Guise fut assis : « J'ai froid, dit-il, le a cœur me fait mal ; que l'on fasse du feu. » Et s'adres­sant au sieur de Morfontaine, trésorier de l'espargne : « M. de Morfontaine, je vous prie dire à M. deSaint-« Prix, premier valet de chambre du Roy, que je le a prie de me donner des raisins de Damas, ou de la « conserve de roses. » Et ne s'en étant point trouvé, il lui apporte à la place des prunes de Brignolles, qu'il donna au duc.
Là-dessus Sa Majesté ayant sçu que le duc de Guise étoit au conseil, commanda à M. de Revol, secrétaire d'Etat : « Revol, allez dire à M. de Guise qu'il vienne « parler à moi en mon vieux cabinet. » Le sieur de Nambu lui ayant refusé le passage, il revient au cabinet avec un visage effrayé (c'étoit un grand personnage, mais timide.) « Mon Dieu, dit le Roy, Revol,qu'avez-« vous, qu'y a-t-il ? Que vous êtes le ! Vous me te-« rez tout. Frottez vos joues, frottez vos joues, Revol. « — ll n'y apoint de mal, sire, dit-il; c'est que M. de « Nambu ne m'a pas voulu ouvrir, que Votre Majesté « ne lui commande. » Le Roy le fait de la porte de son cabinet; et de le laisser rentrer, et M. de Guise aussi. Le sieur de Marillac, maître des requêtes, rapportoit une affaire -des gabelles quand le sieur de Revol entra, qui trouva le duc de Guise mangeant des prunes de Bri­gnolles; et lui ayant dit : « Monsieur, le Roy vous demande; il est en son vieux cabinet; » se retire, eÇ rentre comme un éclair, et va trouver le Roy.
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